Le football se résume désormais à la défense ou l'attaque ?

L'avenir du football international : entre défense et attaque

L'Espagne, par sa victoire à l'Euro 2024, a offert un souffle de soulagement aux puristes du football. Leur parcours héroïque, marqué par des victoires contre des équipes de renom telles que la Croatie, l'Italie, l'Allemagne, la France et l'Angleterre, a démontré qu'une approche ambitieuse du jeu peut mener au succès. Avec une attaque éclatante et 15 buts à leur actif, l'équipe espagnole a su gérer la possession de balle sans tomber dans l'excès de prudence. La Roja s'est ainsi imposée comme un champion 'méritant', bien que la notion de mérite reste subjective. Cependant, le niveau de jeu moyen observé durant cet Euro 2024 a relancé les discussions sur la qualité globale du football international.

Émotions mitigées et manque de buts

L'Euro 2024 en Allemagne a été caractérisé par un manque flagrant d'émotions fortes. Malgré quelques buts décisifs et des moments de joie intense contrastant avec des scènes de désolation, le spectacle offert a souvent été jugé insuffisant. L'équipe de France, malgré son talent, n'a marqué qu'un seul but hors penalty durant tout le tournoi. Les performances de grandes nations du football telles que la Belgique, la Croatie, l'Italie, le Portugal ou l'Angleterre ont-elles été à la hauteur des attentes ? Avec seulement 117 buts en 51 matchs, soit une moyenne de 2,29 buts par rencontre, cet Euro a été l'un des moins prolifiques depuis l'an 2000, surpassé uniquement par l'Euro 2016 avec 2,16 buts par match. Bien que certains matchs nuls 0-0 ou victoires 1-0 puissent être qualifiés de 'bons' matchs, ils reflètent néanmoins un certain ennui qui a gagné les spectateurs et téléspectateurs.

Cette analyse soulève une question cruciale : le football défensif est-il destiné à devenir la norme dans les compétitions internationales ? Ou bien, l'approche offensive et audacieuse de l'Espagne prouvera-t-elle que le beau jeu a toujours sa place au sommet ? Seul l'avenir nous le dira.

L'approche défensive en football : un jeu sans buts

Le monde du football a récemment été témoin d'une tendance inquiétante : l'absence remarquée des grands buteurs lors des compétitions clés. Des noms tels que Mbappé, Ronaldo, Lukaku, Giroud, Lewandowski, Morata et Havertz, qui sont habituellement synonymes de buts et de spectacle, ont été éclipsés par des joueurs moins connus. Musiala, Kane, Mikautadze, Olmo, Gakpo et Schranz se sont hissés en tête du classement des buteurs, bien que n'ayant marqué que trois buts chacun. Cette situation soulève une question fondamentale : le football est-il en train de perdre son essence ?

La stratégie du risque minimisé

Il semble que le football moderne soit devenu une affaire de stratégie, où la prudence et l'efficacité priment sur le risque et l'audace. Les défenses se sont renforcées, et avec elles, une certaine frilosité tactique s'est installée. Les entraîneurs, après des saisons éreintantes, optent pour la sécurité, renforçant leurs lignes défensives au détriment de l'attaque et du plaisir du jeu. Cette approche conservatrice a conduit à un football prévisible et, par conséquent, moins attrayant.

Marcelo Bielsa et la perte de l'attrait du football

Marcelo Bielsa, un observateur éminent du football, a exprimé ses préoccupations quant à cette évolution. Selon lui, le football traverse une période de déclin, perdant son attrait en s'éloignant de ce qui l'a rendu populaire. Bielsa critique la prévisibilité croissante du jeu et accuse les instances dirigeantes de privilégier les intérêts commerciaux au détriment de l'identité culturelle et de l'expression que représente le football.

La France et la victoire sans éclat

Dans le paysage actuel du football, la critique est souvent dirigée vers les joueurs. La France a prouvé, lors de ses matchs en Allemagne, qu'il est possible de remporter la victoire sans nécessairement briller, en s'appuyant sur des exploits individuels ou la roulette russe des tirs au but. Jean-Michel Larqué, commentateur aguerri, a exprimé son inquiétude dans un article pour Le Soir : "J'ai observé l'évolution du football en tant que commentateur, et j'ai vu les changements au fil des décennies. Les dérives sont présentes et elles représentent un danger."

Larqué : "Nous sommes en train de sacrifier notre trésor"

L'ancien joueur et commentateur de TF1 a continué sur sa lancée, affirmant : "Nous sommes en train de sacrifier notre trésor. L'Euro 2024 en est la preuve flagrante. C'était une édition décevante, pour ne pas dire médiocre, du Championnat d'Europe. Il est urgent que les institutions se concentrent sur l'amélioration de la qualité du jeu. Pour l'instant, la seule initiative de la FIFA a été d'augmenter le nombre d'équipes à la prochaine Coupe du Monde à 48, dans le but de satisfaire un plus grand nombre de fédérations et, par conséquent, d'électeurs. Pendant ce temps, l'UEFA continue de surcharger le calendrier en multipliant les compétitions et les matchs."

En conclusion, alors que le football continue d'évoluer, il est essentiel de se rappeler que c'est un sport qui vit et respire grâce à son imprévisibilité et à son excitation. Sans cela, il risque de devenir une simple ombre de ce qu'il était autrefois, un jeu où la défense prime sur l'esprit d'aventure qui a captivé des millions de fans à travers le monde. Il est temps de se demander si nous sommes prêts à accepter un football où les tactiques défensives étouffent le frisson des buts et de l'action.