Démantèlement d’un réseau de paris illégaux sur le tennis en Belgique

Paris illégaux sur le tennis : le plus grand des réseaux belges démantelé par un héroïque policier

Rien ne prédestinait Nicolas Borremans à inscrire son nom dans la liste des hommes les plus braves de ce monde. Fils d’un fromager et grand amateur de cyclisme, le policier de 45 ans est celui qui a mis fin au plus vaste réseau de paris illégaux sur le tennis. Grand, mince, yeux perçants, son profil a particulièrement intéressé le prestigieux journal américain The Washington Post, qui justement, à raconté dans ses colonnes comment un simple officier de police flamande a accompli un tel exploit.

Comment l’histoire a commencé ?

Nicolas Borremans a flairé le coup depuis 2016, lors d’une réunion au bureau d’un procureur fédéral belge. Pendant cette réunion, la Commission des Jeux de Hasard (CJH) avait détecté des paris suspects sur des matchs de tennis se déroulant dans le monde entier. Ces paris suspects étaient encaissés dans de petites communes de la Région flamande, et les parieurs semblaient avoir une connaissance anticipée des résultats, car ils ne se trompaient jamais dans leurs prédictions. Intrigant n’est-ce pas ? Pourtant, parmi les officiers présents, Nicolas Borremans était le seul à montrer de l’intérêt pour cette affaire apparemment mineure à l’époque. Même s’il n’avait jamais suivi un match de tennis de bout en bout, il était animé par une curiosité inébranlable. Depuis son bureau situé au deuxième étage de la station de police d’Oudenaarde, une petite ville médiévale paisible à une heure de Bruxelles, il s’est mis méthodiquement au travail.

Une aide précieuse qui change tout !

En 2017, une opportunité en or s’est présentée. En effet, l’ATP Tour, l’International Tennis Federation, et la Women’s Tennis Association ont constitué une unité d’investigation composée de vétérans de la police métropolitaine de Londres. À cette occasion, Nicolas Borremans a été mis en contact avec Kevin Sieff, un journaliste américain correspondant pour l’Amérique latine au Washington Post. Sieff avait exprimé un vif intérêt pour l’acquisition de milliers de pages de rapports d’enquête européens portant sur les matchs de tennis truqués. Pendant cette période, Nicolas Borremans a pu collaborer avec Dee Bain, un passionné de tennis dans la cinquantaine, qui menait sa propre enquête et avait identifié un suspect potentiel du nom de Karim Hossam.

Le démantèlement d’un grand circuit de paris illégaux sur les maths truqués au tennis

Il s’est avéré que Karim Hossam était un joueur de tennis participant à des tournois ITF en Tunisie. Conformément aux règles, tout joueur professionnel de tennis accepte de confisquer son smartphone aux autorités pour les besoins d’une enquête. L’analyse du téléphone portable de KarIim Hossam a révélé qu’il était en contact régulier avec son prochain adversaire, laissant fortement supposer que le résultat de leur match était prémédité.

KarIim Hossam a été arrêté et a rapidement révélé des informations cruciales. Il recevait des instructions d’un individu nommé Gregory, résident à Bruxelles. Gregory était décrit comme un homme blanc aux cheveux noirs, âgé d’environ 27 ans, ayant des liens avec l’Iran ou la Syrie, passant la majeure partie de son temps à Barcelone et conduisant une Mercedes. Par la suite, Borremans a découvert que l’organisateur de ce réseau de paris truqués sur les matchs de tennis professionnels moins bien classés a joué selon ses directives en échange d’une rémunération.

En fin de compte, plus de 180 joueurs de tennis professionnels étaient impliqués avec Grigor Sargsyan, dont de nombreux joueurs français. Par ailleurs, près de 1 671 parieurs venant de toute l’Europe alimentaient ce réseau de paris truqués. L’article de Washington Post cite notamment le cas de Yannick Thivant, un joueur de tennis français classé 590 ? mondial, qui aurait reçu 40 710 euros sur son compte Skrill grâce à des virements en provenance de l’Arménie. Les échanges de messages entre Yannick Thivant et Grigor Sargsyan ont également révélé que le joueur avait reçu 15 000 euros en espèces.