Grandes réformes dans le secteur des jeux de hasard en Belgique

Après l’adoption de la loi sur l’interdiction des pubs, la controverse continue

Les contestations continuent après l’adoption en première lecture de la loi sur l’interdiction de la pub au privé. Le texte visant à sauver les joueurs de l’accoutumance ne reçoit pas l’accord des librairies qui le prennent comme un outil favorisant une concurrence déloyale à la Loterie Nationale.

Les opérateurs du privé fustigent les produits Woohoo

Les opérateurs du secteur privé ont très mal accueilli l’adoption en première lecture de la loi sur l’interdiction de la pub. L’association BAGO a récemment publié des travaux prouvant que les jeux de grattage détiennent un potentiel addictif identique à celui des machines à sous ou les paris.

Ainsi, le privé pense que la restriction effectuée par le gouvernement ces dernières années n'affecte pas autant la Loterie Nationale. Cet état de chose est souvent justifié par le caractère peu nuisible des offres de l’opérateur d’Etat.

Et pourtant, la Commission des jeux de hasard a rendu public des travaux selon lesquels les jeux de grattage instantanés proposés par la Loterie Nationale exploitent les mêmes codes que ceux du privé. Il s’agit notamment des jeux Woohoo qui possèderaient alors un potentiel addictif similaire à celui des jeux du privé.

Une nouvelle étude confirme le statut réel des Woohoo

Pour confirmer les observations de la Commission, les opérateurs privés se sont réunis sous BAGO pour s’ajouter à la Commission des jeux de hasard pour lancer une nouvelle étude. Cette fois, l’étude a été confiée à Michael Auer qui est un docteur en psychologie. Il est également statisticien spécialisé dans le domaine des jeux. Pour effectuer un travail sans équivoque, le spécialiste a donc repris une méthode d’évaluation utilisée aux Pays-Bas en 2017.  

Par ailleurs, BAGO a insisté sur la problématique du biais de financement à travers la dénonciation des agissements du gouvernement fédéral qui n’a pas respecté ses propres paroles. En effet, le gouvernement avait annoncé en 2020 qu’il évaluerait sa politique des jeux de hasard avant toute adoption de loi régulatrice. Ce qu’il n’a malheureusement pas fait avant l’adoption de la loi sur l’interdiction de la pub sur fond d’un renforcement du système législatif.

Tout jeu de hasard implique des risques

Le spécialiste Michael Auer a pris dans le cadre de son travail, dix facteurs de risque pour chaque type de jeu. Parmi ces facteurs, il y a la présence d’un jackpot, l’accessibilité, l’intervalle de paiement et la fréquence de jeu. Les différents niveaux de pondération n’ont pas été écartés non plus.

La conclusion à laquelle le spécialiste est arrivé ne conforte pas le statut donné aux jeux Woohoo par la Loterie Nationale. Ces jeux viennent juste derrière les machines à sous compte tenu de leur potentiel addictif.

En effet, les résultats placent même les jeux Woohoo devant les cartes à gratter ainsi que les jeux de dés. En dernière position se trouvent les bingos, les paris en librairies et les jeux de loterie.

Dans ses clarifications, Michael Auer a précisé que ces résultats fournissent une base fiable permettant de connaître le statut réel des jeux de la loterie. Il précise qu’aucun jeu n’est sans danger pour le joueur et que toutefois, les jeux dits « physiques » ne le sont pas plus que ceux en ligne.

En outre, pendant que ces résultats sont publiés, la Loterie Nationale se prépare à répondre à une convocation devant les tribunaux. Un libraire vient de le traduire en justice pour avoir annoncé son intention d’agir sur le taux de commission. L’opérateur d’Etat vise à baisser la commission de 6% à 4,5% à condition que les librairies redirigent leurs clients vers les jeux Woohoo.